20/04/2008

Un Scanner à la morgue / Claude Broussouloux


Par une matinée du mois de novembre identique à bien d'autres, il a suffi que le transporteur frappe trois fois au rideau des livraisons pour raviver une certitude jusque là en sommeil : j'allais faire plusieurs rencontres et j'éprouvais l'amère frustration de ne pouvoir les apprécier toutes dans l'instant. C'est ainsi à chaque fois que je reçois des livres. Il y a ceux que j'attends, dont les auteurs me sont connus et...les autres. Ceux qui promettent et dont je ne sais au final que peu de choses.

C'était le cas de Un scanner à la morgue. Je ne connaissais ni l'auteur ni l'éditeur. On le sait, avec aussi peu d'éléments, la surprise peut-être totale, dans le pire comme dans le meilleur.

Quand, au moment du pointage, je tombai sur ce livre, je procédai comme à mon habitude. Je parcourus les premières lignes. Et sans même que je m'en rende compte, la première page défila, puis le premier chapitre. J'étais conquis. Par l'ambiance, l'histoire. Etant donné que j'étais au boulot, je ne me suis quand même pas étendu. Je notai les références et continuai de traiter les livres, me disant : "mon coco, la prochaine fois, je te louperai pas. Au retour de l'équipement, tu seras mien."

Il aura fallu plus de temps que prévu mais à son retour, quelques mois plus tard, je lui remis en effet le grappin dessus et ne le lâchai plus. La première ligne, la première page, le premier chapitre, c'était comme si je les avais lus la veille.

Je retrouvai Jacques, jeune médecin loin d'être passionné par son boulot. Le genre de gars égoïste, pas franchement sympathique. Pour ne pas avoir à supporter les jérémiades de patients plaintifs, il s'est spécialisé en radiographie. Pas besoin de s'épandre. On se positionne, clic, clac, merci bien, au revoir, emballé c'est pesé.

Puis Jacques est contacté par un de ses anciens profs pour un boulot complémentaire qui consiste à effectuer des radios aux cadavres de la morgue, occasionnellement. Louche mais Jacques accepte.

De ce roman assez court, je restai surpris par son côté mystérieux, intrigant. Cela ne tenait pas spécialement à la morgue et à son lot de cadavres que l'on cotoyait assez peu mais à cette incertitude qui planait sur les personnages et leurs intentions respectives. Oh, il y eut bien des moments où je me serais volontairement imposé écrivain pour secouer ce bougre de Jacques, faire en sorte qu'il se décide à ruer dans les brancards au lieu de subir la pression de ses mystérieux commanditaires, de se terrer chez lui, d'attendre.

Une fois le livre fini, je le refermai, un peu déçu par un dénouement suscitant le doute sur la crédibilité d'une telle histoire. Mais le temps passait et je gardai en moi son atmosphère si particulière et si prenante, alors... Déjà, j'étais sur une nouvelle piste de lecture et je me promis de garder un oeil et sur l'auteur, et sur l'éditeur.

Aucun commentaire: