05/08/2010

Le Filet d'Indra / Juan Miguel Aguilera

Parmi tous les aspects abordés par la science-fiction, j'ai un faible pour les récits archéologiques. Vous savez, ces histoires où des vaisseaux atterrissent sur des planètes désolées où l'on a découvert les signes d'une civilisation ancienne, disparue dans d'étranges circonstances et qu'il conviendra naturellement de déterminer. Mais c'est pour les histories où d'énigmatiques et très anciens artefacts sont localisés sur la surface de la terre que mon faible est bien plus prononcé. Dans quel but sont-ils là ? Quels sont leurs fonctions ? Qui les a créés ? Que se passera-t-il si nous jouons aux apprentis sorciers avec eux ? Autant de questions qui ont la faculté de mettre mon imagination en ébullition et de lui faire emprunter des chemins insoupçonnés à mesure que l'histoire progresse. Si tant est que tous les éléments soient réunis pour y contribuer, comme ça a par exemple été le cas avec Anciens Rivages de Jack Mcdevitt. Ceux qui ont la chance de se le procurer – il est malheureusement épuisé – pourront découvrir un ouvrage prenant et facile à lire, auquel il n'aura manqué qu'une suite.

Mais en attendant, si vous partagez ce faible avec moi, si vous voulez découvrir Juan Miguel Aguilera – personnellement, j'ai trouvé ses livres assez inégaux - ou si, tout simplement, vous voulez vous laisser emporter par une histoire de science-fiction digne de ce nom, le Filet d'Indra devrait vous convenir. L'histoire, je vous l'ai presque déjà dévoilée. Cette fois-ci c'est un satellite qui révèle la présence d'un artefact – une géode de deux kilomètres de diamètre - enfoui sous terre dans le nord du Canada. Aussitôt découvert, une équipe de scientifiques est dépêchée sur les lieux pour tenter d'en déterminer l'origine. Les premiers résultats sont pour le moins surprenants : l'objet aurait plus de deux milliards d'années et sa forme n'a rien de naturelle.

Sur la base de cette histoire, Juan Miguel Aguilera embarque le lecteur dans un voyage trépidant où, une fois n'est pas coutume en science-fiction, se pose en toile de fond la question de la place de l'homme dans l'univers. On pourrait en avoir marre d'être une nouvelle fois confronté à cette grande question du Que suis-je ? Que fais-je ?, moi, dans cette immensité vertigineuse et oppressante. Mais là encore, une fois n'est pas coutume bis, tout dépend de la manière dont le sujet est traité et de l'angle d'approche adopté par l'auteur. Dans le filet d'Indra, Juan Miguel Aguilera ne déçoit à aucun moment. Peut-être parce qu'il conjugue habilement action, rebondissements et réflexion, ne provoque jamais de dichotomie trop franche (et trop barbante pour la peine) entre l'histoire elle-même, ses composantes, et la thématique sur laquelle elle s'appuie. Et peut-être aussi parce qu'il s'écarte des poncifs du genre, laisse la part belle à l'imagination en favorisant l'éclosion d'images fortes, dépaysantes, vertigineuses, induites par l'exploration d'un monde où tout est encore mystère et découverte. Où l'Inconnu n'a pas fini de nous surprendre...

Le Filet d'Indra, Juan Miguel Aguilera, traduit de l'espagnol par Christophe Josse, L'Atalante (Dentelle du cygne), 384 p.
CITRIQ

4 commentaires:

El Jc a dit…

C'est marrant à la lecture de ta chronique je ne peux m'empêcher de penser au Rama d'Arthur C. Clarke.

BiblioMan(u) a dit…

Alors là, je ne sais pas. Pour tout dire, j'avais commencé Rama sans pouvoir aller bien loin. Alors que là... j'ai été tout de suite séduit.

Endea a dit…

J'ai globalement apprécié, c'est un bon roman qui se lit bien mais par contre j'ai été déçue de la fin qui reste très ouverte.

BiblioMan(u) a dit…

Désolé pour le délai de la réponse, j'étais quelque peu ailleurs... J'espère pour ma part que cette fin très ouverte amènera à des explorations plus fouillées. Parce que sinon, effectivement, ce qu'il nous laisse entrevoir sans rien dévoiler amène à la frustration...